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Le Casoar

1855 . Napoléon III reçoit la reine Victoria. Pour lui rendre hommage, il décide qu’un plumet rouge et blanc, aux couleurs de la maison royale d’Angleterre, ornera le shako des saint-cyriens. Or, à la même époque, le Jardin d’acclimatation, à Paris, accueille un étrange volatile : un casoar dit « à casque ».

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Sans doute par dérision, les saint-cyriens surnomment alors « casoar » leur nouvel attribut, tant celui-ci leur donne un profil qui ressemble étrangement à celui de cet oiseau. À la fin du siècle, les chroniqueurs du quotidien saint-cyrien (Eugène Titeux, Georges Virenque, René Maizeroy....) ne font guère allusion à ce nouvel attribut d’uniforme. Dans son Histoire des saint-cyriens, Michel Camus note pourtant l’existence vers les années 1890 d’un rite solennel de « remise des casoars » par les anciens aux bazars, « à la veille de leur première sortie, en principe le dimanche qui précède Noël ». Cette cérémonie marquait la fin des « bahutages » et l’entrée des bazars dans la famille saint-cyrienne.

LA GLOIRE
« Voulant voir si l’école était bien digne d’elle
La Gloire, un jour, du ciel descendit à Saint-Cyr
On l’y connaissait bien ce fut avec plaisir
Que les saint-cyriens accueillirent l’immortelle
Elle les trouva beaux, ils la trouvèrent belle
Après trois jours de fête avant de repartir
La Gloire voulant à tous laisser un souvenir
Fixa sur leur shakos les plumes de son aile
Ils portèrent longtemps ce plumet radieux
Mais un soir de combat, près de fermer les yeux
Un saint-cyrien mourant le mit sur sa blessure
Afin de lui donner le baptême du sang
Et depuis, nous portons simple et noble parure
Sur notre shako bleu le plumet rouge et blanc »

 

Élève officier Rollin, promotion « Sud-Oranais » (1902-1904)


Au début du XXe siècle, un poème glorifia le plumet rouge et blanc en jouant du sang versé sur la blancheur des ailes de la gloire. D’inspiration romantique, il marquera fortement l’esprit des saint-cyriens par la puissante beauté de son symbolisme, au point de devenir un texte majeur de leur anthologie. Il n’en est guère, jusqu’à notre époque, qui n’ait appris et récité La Gloire à ses anciens, et qui ne garde ce texte en mémoire à un âge canonique. Durant la Grande Guerre, légende ou pas, l’image du saint-cyrien montant à l’assaut en casoar et gants blancs incarnera cette symbolique où se mêlent panache, gloire et sang versé, une symbolique qui n’ira pas sans évoquer des « nids d’amour », des rêveries et des caresses féminines, comme l’évoque un chant créé au début de ce conflit, Les Casos, autre monument de l’anthologie saint-cyrienne. Le plumet rouge et blanc devint ainsi emblématique de Saint-Cyr et l’éclat de son
panache ne cesse encore de charrier cette symbolique.

Esthétiques saint-cyriennes
André Thiéblemont
Dans Inflexions

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